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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

cellules de tous les tentacules étaient affectées sur 1/3 ou sur 1/2 de leur longueur totale. Il est donc évident que l’exposition des feuilles à l’acide carbonique arrête pour un temps la marche de l’agrégation, ou empêche la transmission de l’impulsion nécessaire quand les glandes sont subséquemment soumises à l’action du carbonate d’ammoniaque ; or, on sait que cette substance agit plus promptement et plus énergiquement qu’aucune autre. On sait que le protoplasma des plantes continue ses mouvements spontanés aussi longtemps seulement qu’il est à l’état oxygéné ; il en est de même pour les globules blancs du sang, ils n’agissent qu’aussi longtemps qu’ils reçoivent de l’oxygène des globules rouges[1] ; mais les exemples ci-dessus rapportés sont quelque peu différents, car ils ont trait au retard apporté dans la formation ou l’agrégation des masses de protoplasma par suite de l’exclusion de l’oxygène.

Résumé et conclusions.

Le phénomène de l’agrégation est indépendant de l’inflexion des tentacules et de la sécrétion plus considérable des glandes. L’agrégation commence dans les glandes, soit qu’elles aient été directement excitées, ou qu’elles soient soumises à l’influence indirecte des autres glandes. Dans les deux cas, l’agrégation se propage de haut en bas, passant d’une cellule à l’autre, tout le long des tentacules, avec un court temps d’arrêt à chaque cloison transversale. Chez les feuilles à couleur pâle, le premier changement perceptible, et cela seulement avec un grossissement très-considérable, est l’apparition de granules très-petits dans le liquide contenu dans les cellules, ce qui rend ce liquide

  1. Voir pour les plantes, Sachs, Traité de Bot., 3e  éd., 1874, p. 864. Pour les globules du sang, voir : Quarterly Journal of Microscopical Science, avril 1874, p. 185.