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UTRICULARIA AMETHYSTINA.

M. Gardner[1] qui l’a découverte, cette espèce est aquatique, mais « elle ne pousse que dans l’eau qui se réunit au fond des feuilles d’un grand Tillandsia, qui habite en grande quantité une partie rocheuse et aride de la montagne, à une élévation d’environ 5,000 pieds au-dessus du niveau de la mer. Cette plante, outre qu’elle se reproduit au moyen de graines, se propage aussi par des rejetons qui partent de la base de la tige à fleur ; ce rejeton se dirige toujours vers le Tillandsia le plus proche, et, dès qu’il est arrivé à l’eau que celui-ci contient, il donne naissance à une nouvelle plante qui, à son tour, envoie de nouveaux rejetons. J’ai vu six plantes unies de cette façon ». Les vessies de cette espèce ressemblent sous tous les rapports essentiels à celles de l’Utricularia montana ; cette ressemblance va même jusqu’à la présence de quelques petites glandes à deux bras sur la vulve. À l’intérieur d’une de ces vessies se trouvait le reste de l’abdomen d’une larve ou d’un crustacé de grande taille, portant au sommet une touffe de longues soies assez rudes. D’autres vessies renfermaient des fragments d’animaux articulés, et beaucoup contenaient des morceaux brisés d’un curieux organisme dont personne ne put reconnaître la nature.

Utricularia amethystina (Guyane). — Cette espèce a des petites feuilles entières et semble être une plante marécageuse ; toutefois elle doit pousser dans des endroits où existent des crustacés, car on en trouva deux petites espèces dans l’une des vessies. Les vessies ont presque exactement la même forme que celles de l’Utricularia montana ; elles sont recouvertes à l’extérieur par les papilles ordinaires, mais elles en diffèrent d’une façon remarquable en ce que les antennes sont réduites à deux courtes pointes unies par une membrane creusée au milieu. Cette mem-

  1. Travels in the interior of Brazil, 1836-1841, p. 527.