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UTRICULARIA MONTANA.

des restes d’animaux. La première, un Acarus poilu si décomposé qu’il ne restait plus que son enveloppe transparente ; elle contenait aussi la tête jaune, chitineuse, de quelque animal ayant une fourchette intérieure à laquelle était suspendu l’œsophage, mais je n’ai pu apercevoir de mandibules ; elle contenait encore le double crochet du tarse de quelque animal, outre un animal allongé très-décomposé ; elle contenait enfin un organisme curieux en forme de poire, dont l’enveloppe se composait de cellules arrondies. Le professeur Claus a étudié ce dernier organisme ; il a cru reconnaître l’enveloppe d’un rhizopode et probablement du groupe des Arcellides. J’ai trouvé dans cette vessie ainsi que dans plusieurs autres des algues unicellulaires et une algue multicellulaire, lesquelles sans doute vivaient là en parasites.

Une seconde vessie contenait un Acarus beaucoup moins décomposé que celui dont nous avons parlé tout à l’heure, car ses huit pattes existaient encore ; il contenait, en outre, les restes de plusieurs autres animaux articulés. Une troisième vessie contenait l’extrémité de l’abdomen et les deux membres postérieurs d’un animal que j’ai cru reconnaître pour un Acarus. Une quatrième vessie contenait les restes d’un animal soyeux, très-certainement articulé, et de plusieurs autres organismes, outre une grande quantité de matières organiques brun foncé dont il me fut impossible de distinguer la nature.

J’examinai ensuite, mais avec moins de soin que les autres, parce qu’elles n’avaient pas trempé assez longtemps dans l’eau, quelques vessies provenant d’une plante épiphyte de la Trinidad, aux Antilles. Quatre de ces vessies contenaient beaucoup de matières brunes, translucides et granuleuses, évidemment organiques, mais dont il était impossible de distinguer aucune partie. Les processus quadrifides, dans deux de ces utricules, étaient brunâtres, et leur contenu granuleux ; il est évident qu’ils avaient absorbé certaines substances. Une cinquième vessie contenait un organisme en forme de poire, semblable à celui dont nous avons parlé plus haut. Dans une sixième vessie se trouvait un animal en forme de ver, très-long et très-décomposé. Enfin une septième vessie contenait un organisme dont il m’a été impossible de distinguer la nature.

Je n’ai essayé qu’une seule expérience sur les processus quadrifides et sur les glandes, pour déterminer leur faculté d’absorption. J’ai percé une vessie et je l’ai laissé pendant vingt-quatre heures dans un solution contenant 1 partie d’urée pour 437 parties d’eau ; les processus