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UTRICULARIA NEGLECTA.

Développement des vessies. — J’ai passé beaucoup de temps, aidé par mon fils, à élucider ce sujet, mais sans grand succès. Nos observations ont été faites sur l’Utricularia neglecta et principalement sur l’Utricularia vulgaris, qui possède des vessies au moins deux fois aussi grandes. Au commencement de l’automne, les tiges se terminent par de gros bourgeons qui tombent au fond de l’eau et ne végètent pas pendant l’hiver. Les jeunes feuilles formant ces bourgeons portent des vessies arrivées à diverses phases de leur développement. Quand les vessies de l’Utricularia vulgaris ont environ 1/100 de pouce (0,254 de millim.) de diamètre ou 1/200 de pouce (0,127 de millim.) chez l’Utricularia neglecta, ils sont circulaires et portent un orifice transversal étroit, presque fermé, conduisant dans un espace rempli d’eau ; d’ailleurs, les vessies sont creuses [1]

  1. développement de l’individu ou à la conservation de l’espèce. Les exodermies radicellaires (Poils radicaux ; Succiatori de Gasparrini) et même toute la zone corticale des racines des Monocotylédones, se flétrissent et tombent après avoir puisé dans le sol les substances azotées et autres nécessaires à la plante (op. cit. p. 213) ; les organes protecteurs, sépales et pétales, ceux de la fécondation, étamines, stigmates et styles, les tiges entières des plantes herbacées vivaces se flétrissent et tombent aussitôt qu’elles ont fonctionné. En conséquence, il n’y a rien d’anormal à ce que les limbes-piéges de l’Aldrovandia et les ascidies des Utricularia se flétrissent et meurent aussitôt que par leur fonction elles ont concouru à l’entretien de la plante, c’est-à-dire après que les délicates membranes de leurs exodermies ont, comme celles des exodermies radicellaires, sécrété d’abord un suc acide capable de dissoudre des substances azotées que l’eau ne dissout pas et ensuite absorbé ces substances nutritives. La carnivorité serait ainsi un fait commun aux radicelles de la plupart des plantes et aux feuilles de quelques-unes seulement.
    Resterait à voir encore, comme l’indique M. J. Duval-Jouve, si le protoplasma des exodermies radicellaires subit après l’absorption les modifications qui ont été constatées dans les exodermies des feuilles carnivores.
    Le même auteur mentionne aussi dans son article précité que de nombreux pucerons sont capturés et tués aux sommets du Sonchus asper, et ce, parce que la piqûre de ces petits animaux fait sortir une gouttelette de suc laiteux, devenant visqueux par évaporation, et dans lequel s’engluent les ailes ou les pattes de l’insecte, sans qu’il y ait lieu de voir dans la succession de ces faits aucun principe de finalité.
    Ch. M.