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PINGUICULA LUSITANICA.

que temps, elles étaient pourries. Sans aucun doute ces graines avaient été tuées par la sécrétion.

5. — De petits morceaux d’une feuille d’épinard provoquèrent au bout d’une heure vingt minutes d’abondantes sécrétions, et au bout de trois heures vingt minutes l’inflexion bien marquée du bord. Le bord était considérablement infléchi au bout de neuf heures quinze minutes, mais au bout de vingt-quatre heures il était presque complètement redressé. Au bout de soixante-douze heures, les glandes en contact avec la feuille d’épinard s’étaient complètement desséchées. J’avais placé la veille des morceaux d’albumine sur le bord opposé de cette même feuille et j’en avais fait autant pour la feuille sur laquelle j’avais placé des graines de chou ; ces bords restèrent complètement infléchis pendant soixante-douze heures, ce qui prouve que l’action de l’albumine est beaucoup plus persistante que celle des feuilles d’épinard ou des graines de chou.

6. — Je plaçai le long des bords d’une feuille une rangée de petits fragments de verre ; aucun effet ne s’était produit au bout de deux heures dix minutes, mais au bout de trois heures vingt-cinq minutes je crus remarquer une trace d’inflexion, qui devint distincte quoique pas très-prononcée au bout de six heures. Les glandes qui se trouvaient en contact avec les fragments de verre se mirent alors à sécréter abondamment ; elles paraissent donc excitées plus facilement par la pression des objets inorganiques que les glandes du Pinguicula vulgaris. La légère inflexion du bord ne s’était pas augmentée au bout de vingt-quatre heures et les glandes commençaient alors à se dessécher. Je frottai et je grattai pendant quelque temps la surface d’une feuille près de la nervure centrale et près de la base, mais sans qu’il se produisît aucun mouvement. Je traitai de la même façon les longs poils situés près de la base sans obtenir aucun résultat. Je fis cette dernière expérience parce qu’il me vint à l’idée que ces poils étaient peut-être sensibles à un attouchement comme les filaments de la Dionæa muscipula.

7. — Les pédoncules des fleurs, les sépales et les pétales portent des glandes qui ressemblent beaucoup à celles des feuilles. Je plongeai donc un morceau du pédoncule d’une fleur dans une solution comprenant une partie de carbonate d’ammoniaque pour 437 parties d’eau et je l’y laissai séjourner pendant une heure. Cette immersion altéra la couleur des glandes qui de rose brillant devinrent pourpre sombre, mais sans que leur contenu présentât aucune trace d’agréga-