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CONCLUSIONS FINALES.

admirablement adaptées qu’il y ait dans le règne végétal, soit évidemment en train de disparaître. Le fait est d’autant plus étrange que les organes de la Dionée sont plus hautement différenciés que ceux du Drosera ; ses filaments sont exclusivement des organes du toucher ; les lobes servent à capturer les insectes et les glandes, quand elles sont excitées, servent à sécréter aussi bien qu’à absorber ; chez le Drosera, au contraire, les glandes remplissent ces différentes fonctions et sécrètent sans être excitées.

Si nous comparons la conformation des feuilles, leur degré de complication et leurs parties rudimentaires dans les six genres, nous sommes conduits à conclure que leur ancêtre commun avait des caractères semblables à ceux du Drosophyllum, du Roridula et du Byblis. Les feuilles de cette ancienne forme étaient presque certainement linéaires peut-être divisées et portaient, à leur surface supérieure et inférieure, des glandes ayant la propriété de sécréter et d’absorber. Certaines de ces glandes surmontaient des pédicelles ; d’autres étaient presque sessiles ; ces dernières se mettaient à sécréter seulement quand elles avaient été stimulées par l’absorption de matières azotées. Chez le Byblis les glandes consistent en une seule couche de cellules, supportée par un pédicelle unicellulaire ; chez le Roridula les glandes ont une structure plus complexe et reposent sur des pédicelles composés de plusieurs rangées de cellules ; chez le Drosophyllum les glandes contiennent des cellules spirales et les pédicelles un faisceau de vaisseaux spiraux. Mais, dans ces trois genres, ces organes ne possèdent pas la faculté du mouvement, et il est évident qu’ils participent de la nature des poils ou trichômes. Bien qu’on ait des exemples innombrables d’organes foliaires, qui se meuvent quand ils sont excités, on ne connaît aucun cas de trichômes qui aient cette faculté[1]. Nous sommes

  1. Sachs, Traité de Bot., 3e  édit., 1874, p. 1026.