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DROSOPHYLLUM LUSITANICUM.

males de matières telles que la fibrine ou le cartilage bien lavé me porte à penser qu’il doit y avoir dans la sécrétion, avant que les glandes soient excitées, une petite quantité du ferment convenable, de sorte que les matières animales sont rapidement dissoutes.

Grâce à la nature de la sécrétion ou à la forme des glandes, les gouttes de sécrétion s’enlèvent avec une facilité singulière. Il est même assez difficile de placer sur les gouttes une petite parcelle, de quelque nature que ce soit, à l’aide d’une aiguille bien pointue et bien polie un peu humectée dans l’eau ; en retirant l’aiguille, on enlève ordinairement la goutte de sécrétion : chez le Drosera, cette difficulté n’existe pas, bien qu’on enlève quelquefois ces gouttes. En conséquence de cette particularité, quand un petit insecte vient se poser sur une feuille de Drosophyllum, les gouttes adhèrent à ses ailes, à ses pattes ou à son corps, et se détachent de la glande ; l’insecte se traîne alors un peu plus loin, et d’autres gouttes adhèrent à son corps, de sorte qu’enfin, enveloppé complètement par la sécrétion visqueuse, il tombe et meurt, reposant sur les petites glandes sessiles qui recouvrent la surface presque entière de la feuille. Chez le Drosera, un insecte qui vient toucher un ou plusieurs tentacules extérieurs est transporté par leurs mouvements jusqu’au centre de la feuille ; chez le Drosophyllum, ce même effet s’obtient par les efforts que fait l’insecte pour se débarrasser, car ses ailes surchargées par la sécrétion ne lui permettent plus de s’envoler.

Il existe une autre différence entre les glandes de ces deux plantes au point de vue de leurs fonctions : nous savons que les glandes du Drosera sécrètent plus abondamment quand elles sont convenablement excitées. Or j’ai placé sur les glandes du Drosophyllum, sans que la quantité de sécrétion ait jamais paru augmenter, des parcelles de carbonate d’ammoniaque, des gouttes