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STRUCTURE DES FEUILLES.


Fig. 14.
Drosophyllum lusitanicum.
Partie d’une feuille grossie sept fois (surface inférieure).
ovale ; celles qui présentent cette dernière forme sont plus ordinairement placées à la surface inférieure des feuilles (fig. 14). Intérieurement, ces glandes ont la même conformation que les glandes plus grosses portées par des pédicelles ; on observe, d’ailleurs, des gradations insensibles entre ces deux espèces de glandes. Mais les glandes sessiles diffèrent des autres à un point de vue important ; en effet, elles ne sécrètent jamais spontanément, autant toutefois que j’ai pu m’en assurer, et je dois ajouter que je les ai examinées avec un très-fort grossissement pendant des journées très-chaudes, et alors que les glandes supportées par des pédicelles sécrétaient abondamment. Toutefois, si l’on place sur ces glandes sessiles des morceaux d’albumine humide ou de fibrine, elles se mettent à sécréter au bout d’un certain temps, tout comme le font les glandes de la Dionée, quand on les traite de la même façon. Je crois qu’elles sécrètent aussi quand on se contente de les frotter avec un morceau de viande crue. Les glandes sessiles et les glandes supportées par des pédicelles ont la propriété d’absorber rapidement les substances azotées.

La sécrétion des glandes portées par des pédicelles diffère d’une manière fort remarquable de celle des glandes du Drosera ; en effet, elle est acide avant que les glandes aient été excitées, et, à en juger par la teinte communiquée au papier de tournesol, elle est beaucoup plus acide que celle du Drosera. J’ai observé ce fait à bien des reprises ; une fois j’ai choisi une jeune feuille qui ne sécrétait pas beaucoup et qui n’avait jamais capturé un insecte, cependant la sécrétion de toutes les glandes colorait le papier de tournesol en rouge brillant. La rapidité avec laquelle les glandes extraient les substances ani-