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ALDROVANDIA VESICULOSA.

tés étroitement alliées entre elles dont nous venons de parler sont évidemment adaptées pour la capture d’animaux vivants. Quant aux fonctions des diverses parties, on peut à peine douter que les longs poils articulés ne soient sensibles comme ceux de la Dionée et qu’ils provoquent la fermeture des lobes quand on les touche. Si l’on considère l’analogie de cette plante avec la Dionée, il devient très-probable que les glandes sécrètent un véritable fluide digestif et absorbent ensuite les matières digérées ; nous avons d’ailleurs d’autres preuves tendant à la même conclusion ; le liquide limpide contenu dans les cellules s’agrège en masses sphériques après avoir absorbé une infusion de viande crue ; l’état opaque et granulaire des glandes de la feuille qui avait tenu un scarabée enfermé pendant longtemps, l’état de propreté des téguments de cet insecte aussi bien que des crustacés décrits par Cohn, qui ont été capturés depuis longtemps[1]. En outre, l’effet produit sur les processus quadrifides par une immersion de vingt-quatre heures dans une solution d’urée et la présence de matières granuleuses brunes dans les quadrifides de la feuille qui avait capturé un scarabée, l’analogie avec l’Utriculaire, nous autorisent à penser que ces processus absorbent les matières animales excrémentielles en décomposition. Mais, fait beaucoup plus curieux, les pointes situées sur les bords repliés semblent servir

  1. M. J. Duval-Jouve a constaté (Bull. soc. bot. France, t. XXIII, p. 130 et suiv.) que les feuilles d’hiver de l’Aldrovandia sont réduites au pétiole et à ses lanières terminales, sans l’expansion qui constitue le limbe-piège ; ces feuilles incomplètes, serrées fortement les unes contre les autres, constituent à la fin de l’automne une masse sphérique et gemmiforme qui, survivant à la destruction des tiges et des autres feuilles, tombe au fond de l’eau et ne remonte à la surface qu’au printemps. Or, pour ces feuilles dépourvues de limbe-piége et tassées en bourgeon très-dense, le rôle de l’absorption d’une proie capturée et décomposée est absolument impossible ; cependant le pétiole et les lanières de ces mêmes feuilles sont munies non-seulement des glandes ou exodermies capitées auxquelles M. Darwin attribue la double fonction de sécréter un fluide digestif et