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STRUCTURE DES FEUILLES.

simples productions épidermiques ; elles semblent, en outre, servir à un but tout différent.

Sur la partie concave des lobes, qui porte des glandes, et surtout sur la côte centrale, se trouvent de nombreux poils longs, se terminant en pointes très-fines ; on ne peut douter, comme le professeur Cohn le fait remarquer, que ces poils ne soient sensibles au moindre attouchement qui, exercé sur eux, fait fermer la feuille. Ces poils se composent de deux rangées de cellules, ou quelquefois même de quatre selon Cohn, et ne contiennent aucun tissu vasculaire. Ils diffèrent aussi des six filaments sensibles de la Dionée, en ce qu’ils sont incolores, et en ce qu’ils ont une articulation vers le milieu de leur longueur aussi bien qu’à la base. C’est sans aucun doute à ces deux articulations qu’il faut attribuer qu’ils ne sont pas brisés malgré leur longueur quand les lobes se ferment.

Bien que j’aie soumis à une haute température les plantes que l’on m’a envoyées de Kew au commencement d’octobre, les feuilles ne se sont jamais ouvertes. Après avoir examiné la conformation de quelques-unes d’entre elles, j’expérimentai sur deux seulement dans l’espoir que les plantes grandiraient, mais je regrette aujourd’hui de n’en avoir pas sacrifié un plus grand nombre.

J’ai coupé une feuille en opérant la section près de la côte centrale, et j’ai examiné les glandes avec un fort grossissement. Je l’ai plongée ensuite dans quelques gouttes d’une infusion de viande crue. Au bout de trois heures vingt minutes, je n’observai aucun changement ; mais quand je l’examinai ensuite, au bout de vingt-trois heures vingt minutes, je m’aperçus que les cellules extérieures des glandes contenaient, au lieu d’un liquide limpide, des masses sphériques d’une substance granuleuse, ce qui prouve qu’elles avaient emprunté quelques matières à l’infusion. Il est aussi très-probable, d’après leur ana-