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DROSERA ROTUNDIFOLIA.

des sécrètent plus abondamment et la sécrétion devient acide, de sorte qu’on peut conclure que les glandes du disque communiquent une impulsion aux glandes environnantes. Toutefois, ce changement dans la nature et dans la quantité de sécrétion ne peut pas dépendre de l’inflexion des tentacules, car les glandes des tentacules courts du disque déversent des sécrétions acides quand on place sur elles un objet quelconque, bien que leurs pédicelles ne s’infléchissent pas. J’en avais conclu que les glandes du disque communiquent une impulsion aux glandes des tentacules environnants et que ces glandes, à leur tour, renvoient une impulsion à la partie mobile de leur base ; mais je m’aperçus bientôt que cette hypothèse n’est pas fondée. De nombreuses expériences m’ont prouvé que des tentacules dont les glandes ont été coupées avec des ciseaux bien aiguisés s’infléchissent souvent et se redressent ensuite en conservant toutes les apparences de la santé. J’en ai observé un qui est resté bien portant pendant dix jours après cette opération. J’enlevai donc à différentes époques, et sur différentes feuilles, les glandes de 25 tentacules ; sur ce nombre, dix-sept s’infléchirent et se redressèrent ensuite. Le redressement commença environ huit ou neuf heures après l’inflexion et se compléta en vingt-deux ou trente heures. Au bout d’un jour ou deux, je plaçai de la viande crue humectée de salive sur le disque de ces dix-sept feuilles ; je les observai le lendemain et je vis que sept tentacules privés de glandes embrassaient aussi étroitement la viande que les tentacules complets des mêmes feuilles ; un huitième tentacule décapité s’infléchit au bout de trois autres jours. J’enlevai la viande d’une de ces feuilles et je lavai la surface avec un peu d’eau ; au bout de trois jours, le tentacule décapité se redressa pour la seconde fois. Toutefois, ces tentacules décapités étaient dans un état différent de ceux qui, pourvus de leurs glandes, avaient absorbé les matières contenues dans la