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EFFETS PRODUITS PAR DIVERS ACIDES.

l’acide tartrique ne produisent aucun effet. L’acide lactique est un poison ; il est un autre fait remarquable à constater à son sujet, c’est le laps de temps considérable qui s’écoule avant qu’il ne provoque l’inflexion. Toutefois, ce qui m’a le plus surpris, c’est qu’une dilution d’acide benzoïque, faible au point qu’il est difficile de reconnaître au goût une trace d’acidité, agisse avec une si grande rapidité et constitue un poison si violent ; on m’apprend, en effet, que cet acide ne provoque aucun effet marqué sur l’économie des animaux. En jetant un coup d’œil sur la liste qui se trouve au commencement de cette discussion on peut voir que la plupart, des acides constituent des poisons et souvent des poisons violents. On sait que les acides dilués provoquent une osmose négative[1] ; or, l’action vénéneuse exercée par tant d’acides sur le Drosera se relie peut-être à cette propriété, car nous avons vu que le liquide, dans lequel plongent les feuilles, prend souvent une teinte rose et que les glandes deviennent pâles ou blanches. Beaucoup d’acides vénéneux, tels que l’acide iodhydrique, l’acide benzoïque, l’acide hippurique et l’acide carbolique (je ne cite que ceux-là, car j’ai négligé de noter tous les exemples) provoquent la sécrétion d’une quantité si extraordinaire de mucus que de longs filaments de cette substance pendent aux feuilles quand on les retire des solutions. D’autres acides, tels que l’acide chlorhydrique et l’acide malique, n’ont pas cet effet ; avec ces deux derniers, le liquide n’a pas été coloré en rose et les feuilles n’ont pas été empoisonnées. D’autre part, l’acide propionique, qui est un poison, ne provoque pas la sécrétion d’une grande quantité de mucus, et cependant le liquide se teinte légèrement en rose. Enfin, de même que nous l’avons vu pour certaines solutions salines, les feuilles, après une immersion dans certains acides, obéissent rapidement à

  1. Miller, Elements of Chemistry, 1re partie, 1867, p. 87.