Page:Darwin (trad. Barbier) — Les plantes insectivores, 1877.pdf/199

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
177
EFFETS DU PHOSPHATE D’AMMONIAQUE.

considérablement affectées, les unes au bout d’une heure, mais les autres au bout de trois heures, de quatre heures trente minutes, et de huit heures seulement ; on peut attribuer à la jeunesse et à la pâleur des feuilles cette action si lente, Sur ces 9 feuilles, le limbe de 4 se recourba dans des proportions considérables, et le limbe d’une cinquième assez légèrement. Les trois autres feuilles ne furent pas affectées. Quant aux 12 feuilles que je plongeai en même temps dans l’eau pure, le limbe d’aucune d’elles ne se recourba ; 13 tentacules extérieurs de l’une de ces feuilles s’infléchirent au bout d’une ou deux heures ; 6 tentacules chez une deuxième, et 1 ou 2 chez 4 autres s’infléchirent aussi. Au bout de huit heures, les tentacules extérieurs de ces feuilles ne s’étaient pas infléchis davantage, ce qui, au contraire, s’était produit chez les feuilles plongées dans la solution. Je trouve dans mes notes qu’au bout de huit heures il était devenu impossible de comparer les deux lots de feuilles et de douter un seul instant de la puissance de la solution.

Tous les tentacules de deux des feuilles plongées dans la solution dont nous venons de parler, sauf trois ou quatre, s’étaient infléchis en moins d’une heure. Je comptai les glandes de ces feuilles, et en me basant sur les principes que j’ai déjà indiqués, je reconnus que chaque glande d’une de ces feuilles n’avait pu absorber que le 1/1164800e de grain, soit 0,0000555 de milligr. de sel, et l’autre feuille seulement 1/1472000e de grain, soit 0,0000439 de milligr. de phosphate.

Je plongeai de la façon ordinaire vingt feuilles, chacune dans 30 minimes d’une solution contenant 1 partie de phosphate pour 218750 parties d’eau (1 grain de sel pour 500 onces d’eau). J’essayai cette solution sur un aussi grand nombre de feuilles, parce que j’étais alors sous la fausse impression qu’une solution plus faible que celle-là ne produirait aucun effet. Chaque feuille, dans ces expériences, se trouvait en présence de 1/8000e de grain, soit 0,0081 de milligr. de sel. Les huit premières feuilles sur lesquelles j’expérimentai dans la solution et dans l’eau, étaient les unes jeunes et pâles, les autres trop vieilles ; en outre, il ne faisait pas chaud. Ces feuilles furent à peine affectées, il serait toutefois peu raisonnable de négliger les résultats obtenus dans ces conditions. J’attendis jusqu’à ce que je pusse me procurer huit paires de belles feuilles, et que le temps fût favorable ; la température de la chambre dans laquelle se fit l’expérience variait de 75° à 81° F. (23°,8 à 27°,2 centigr.) Dans une autre expérience faite sur quatre paires comprises dans les vingt paires dont j’ai parlé ci-dessus, la température de ma chambre était assez basse, c’est-à-dire environ 60° F. (15°,5 centigr.), mais les plantes