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EFFETS DU PHOSPHATE D’AMMONIAQUE.

suivante les résultats obtenus sans relire tout le détail des observations, je pensai de nouveau qu’il devait y avoir quelque erreur, et je refis trente-cinq nouveaux essais avec la solution la plus faible ; mais les résultats furent aussi évidents que ceux que j’avais obtenus l’année précédente. En somme, j’ai expérimenté sur 106 feuilles, choisies avec soin, dans l’eau et dans les solutions de phosphate. En conséquence, après les recherches les plus minutieuses, il ne me reste aucun doute sur la certitude des résultats que j’ai obtenus.

Avant d’indiquer le résultat de mes expériences, je dois constater que le phosphate d’ammoniaque cristallisé que j’ai employé contient 35,33 pour 100 d’eau de cristallisation ; de telle sorte que, dans tous les essais subséquents, les éléments efficaces ont formé seulement 64,67 pour 100 du sel employé.

Je plaçai avec la pointe d’une aiguille des parcelles très-petites de phosphate sec sur la sécrétion entourant diverses glandes. La sécrétion augmenta beaucoup, les glandes noircirent et finirent par mourir, mais les tentacules bougèrent à peine. Quelque petite que fût la dose, elle était évidemment trop forte, et le phosphate produisait les mêmes résultats que les parcelles de carbonate d’ammoniaque employé de la même façon.

Je plaçai sur le disque de trois feuilles un demi-minime d’une solution contenant 1 partie d’ammoniaque pour 437 parties d’eau. Ces gouttes agirent très-énergiquement ; les tentacules de l’une des feuilles s’infléchirent au bout de quinze minutes et le limbe de toutes les trois s’était considérablement recourbé au bout de deux heures quinze minutes. Je plaçai alors sur le disque de cinq feuilles des gouttes semblables d’une solution contenant une partie de phosphate pour 1312 parties d’eau (1 grain de sel pour 3 onces d’eau), de façon que chaque feuille reçoive 1/2880e de grain (0,0225 de milligr.) de sel. Au bout de huit heures, les tentacules de quatre de ces feuilles s’étaient considérablement infléchis, et au bout de vingt-quatre heures, le limbe de trois d’entre elles s’était incurvé. Au bout de quarante-huit heures, les cinq feuilles s’étaient presque complètement redressées. Je puis ajouter, relativement à une de ces feuilles, que, pendant les vingt-quatre heures qui ont précédé l’expérience, j’avais laissé sur son disque une goutte d’eau, sans qu’il