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EFFETS DE L’AZOTATE D’AMMONIAQUE.

chacune d’elles reçoive 1/1920e de grain (0,0337 de milligr.) de sel. Sur ces 14 feuilles, sept furent vivement affectées, leurs bords s’étant pour la plupart infléchis ; deux furent modérément affectées et cinq ne le furent pas du tout. J’expérimentai subséquemment sur trois de ces dernières feuilles avec de l’urine, de la salive et du mucus, mais ces substances ne produisirent sur elles qu’un effet très-léger, ce qui prouve qu’elles ne se trouvaient pas à l’état actif. Je mentionne ce fait pour prouver combien il est nécessaire d’expérimenter en même temps sur beaucoup de feuilles. Deux des feuilles qui s’étaient bien infléchies se redressèrent au bout de cinquante et une heures.

Dans l’expérience suivante, je me trouvai avoir choisi des feuilles très-sensibles. Je plaçai sur le disque de neuf feuilles 1/2 minime d’une solution contenant 1 partie d’azotate pour 1094 parties d’eau (c’est-à-dire 1 grain pour 2 onces et 1/2 de liquide) de façon que chaque feuille reçoive le 1/2400e de grain (0,027 de milligr.) de sel. Les tentacules de trois de ces feuilles s’infléchirent fortement et le limbe se recourba ; cinq ne furent que légèrement affectées, de trois à huit seulement de leurs tentacules extérieurs s’étant infléchis ; une feuille ne fut pas affectée du tout, et cependant un peu de salive produisit plus tard sur elle un effet marqué. Dans six de ces cas, un commencement d’action fut perceptible au bout de sept heures, mais


    par Sachs au protoplasma. Elles ne se dissolvent pas dans l’alcool absolu, la térébenthine ou la créosote ; elles ne sont pas colorées en bleu par l’iode ou la solution de Schultze, mais d’autres réactions semblent les ranger dans les substances albuminoïdes, telles que la caséine, la fibrine et l’albumine.
    Dans une cellule normale, on reconnaît, avant l’agrégation, des courants de matière protoplasmatique qui ne sont pas incolores, mais semblent formés de granules entraînés par un liquide faiblement réfringent ; quand les phénomènes d’agrégation commencent, ces courants sont incolores, quoique charriant des granules. Sous l’influence de la chaleur, le réseau des courants de protoplasma change sans cesse de forme, ce qui tend à diviser les masses agrégées. Dans des masses définitivement agrégées, on n’observe plus de courant, et M. Darwin père attribue ce phénomène à la disposition des granules, grâce auxquels les courants sont visibles ; il suppose que ces granules sont absorbés par les masses agrégées. Quelquefois, cependant, on voit quelques granules isolés circulant dans l’intérieur de la cellule.
    L’impression de l’auteur est que les courants protoplasmatiques seuls sont incapables de produire les changements qui s’opèrent dans les masses agrégées, et il compare leur formation à celle des amas de chlorophylle que son père a observés dans les cellules du Drosera, de l’Erica tetralix, sous l’influence du carbonate d’ammoniaque, et que Sachs a revus dans les cellules de plantes placées dans des circonstances défavorables de végétation.

    Ch. M.