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par les Mages, lorsque les écoles juives l’eurent portée de Judée en Babylonie, et si c’est vraiment Rab Acha qui lui a donné la forme moderne, qui est aussi celle qu’elle revêt dans la prière parsie, nous arriverons à la conclusion que l’emprunt a été fait entre le ive siècle et le viie.

Le quatrième siècle et le commencement du cinquième conviennent d’ailleurs admirablement : car c’est une époque où les docteurs juifs ont été tout puissants à la cour sassanide : c’est l’époque de Sapor II (309-379), dont la mère Ifrâ Hormuzd est la protectrice attitrée de Raba et des Juifs, et dont la femme est assez judaïsante pour que les Actes des martyrs de Perse en profitent pour rejeter sur les Juifs la responsabilité des persécutions de Sapor contre les chrétiens ; c’est l’époque de Yazdegerd (399-420), qui épouse la fille du prince des Juifs, le Resh-galûtâ, converse des choses de religion avec les docteurs et assimile le judaïsme à la religion de Mazda[1].

Nous avions déjà des exemples certains d’emprunts faits par les Juifs de l’époque rabbinique au mazdéisme[2]. Nous avons ici un emprunt non moins certain des Mages au judaïsme et ainsi se trouve confirmée la vérité historique de ces lignes de l’apocryphe judéo-persan de Daniel : « Les sages d’Israël feront amitié avec eux, et apprendront beaucoup d’eux ; et eux s’informeront du Seigneur auprès des Israélites[3]. »

  1. Voir nos Textes pehlvis relatifs au Judaïsme, série II.
  2. Les six feux dans le Talmud et dans le Bundehesh.
  3. L’Apocalypse persane de Daniel.