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LETTRES SUR L’INDE

place, prit bientôt en prisonnier le chemin de l’Hindoustin et Caboul était sans Émir. À la première nouvelle de la chute de Chir Ali, Abdoul Rahman avait quitté sa retraite russe et avait passé l’Oxus avec 3,000 Turcomans. Allait-il continuer la guerre sainte contre les Anglais ou s’entendre avec eux ? L’Angleterre, ayant reculé devant la tâche d’occuper l’Afghanistan, avait besoin d’un Émir ; le Sardar attendit. Les Afghans, cependant, rapprenaient son nom, se rappelaient le vaillant soldat de 1869, l’image vivante de Dost Mohammed : chef de la croisade ou non, il était le chef né des Afghans ; les partisans mêmes de Yakoub Khan et de son fils venaient à lui. Le gouvernement anglais lui offrit de le reconnaître comme Émir de l’Afghanistan : il consentit à accepter, les Anglais évacuèrent, et ce Bourbon, qui recevait le trône des mains de l’envahisseur, sembla être un héritier de Bonaparte qui chassait l’étranger.

Il ne soutint pas ce beau début. Les Anglais partis, il ne s’occupa que de faire l’ordre, ce qui le perd à présent. Les membres de la famille royale, ses oncles et ses cousins, prirent la route de l’Inde pour sauver leur tête ; ils peuplent Péchawer et Haripour. Le héros de la résistance nationale, Mohammed Djan, le vainqueur d’Asmai, qui pourtant l’avait reconnu, faisait