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LETTRES SUR L’INDE

Calcutta. C’est un petit-fils de Dost Mohammed qui règne à présent, l’Émir Abdoul Rahman.

IV

Chez un peuple tel que les Afghans, le gouvernement n’est fort qu’autant que le chef est un homme fort : comme il n’y a ni lois, ni institutions, ni tradition nationale, il n’y a d’ordre de quelque sorte que par la volonté du maître et autant qu’elle se soutient. L’histoire est là plus qu’ailleurs une biographie. De la l’intérêt que présente la figure énigmatique de l’Émir, de ce petit potentat à la fois si faible et si puissant entre les deux colosses que seul il sépare, et dont la fantaisie pourra demain rompre l’équilibre du monde, s’il est encore demain sur le trône. Voici ce qu’on sait de lui et aussi ce qu’on en raconte dans le bazar :

Abdoul Rahman est le fils aîné d’Afzal Khan, fils aîné de Dost Mohammed. Quand le Dost mourut, en 1863, il légua le trône à Chir Ali, qu’il considérait comme le plus digne de ses sept