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III. — LES AFGHANS DE L’ÉMIR ET L’ÉMIR

après le clan royal, et le vizirat y était héréditaire, comme la royauté l’était dans le clan Sadouzai. Mahmoud récompense Fatteh Khan en le faisant aveugler, puis couper en morceaux : c’est le signal de la chute de la dynastie sadouzaie.

Les onze frères de Fatteh Khan se lèvent pour le venger ; puis ils se partagent l’Afghanistan sous le simple titre de Sardars (chefs), sans qu’aucun des frères Baroukzais ose usurper le trône vide des Sadouzais, protégé par le prestige de la tradition, ni le restaurer. Après une trentaine d’années de guerres intestines, d’intrigues et de meurtres, où tous ces frères s’allient tour à tour avec les Anglais, les Persans ou les Sikhs, les uns contre les autres, le plus énergique et le plus habile des Sardars Baroukzais, Dost Mohammed, réunit sous sa main toutes les provinces qui restaient de l’ancien empire et il règne sous le titre d’Émir, dont la modestie répond mieux que l’ancien titre de Chah aux proportions de l’Afghanistan amoindri. En 1839, l’Angleterre, ouvrant la série de ses fautes afghanes, crée le danger russe, repousse l’amitié du Baroukzai, qu’elle force à se tourner vers la Russie, le renverse pour rétablir à sa place le Sadouzai impopulaire, Chah Choudja, et, après des désastres sans nom et des victoires stériles, est forcée de rétablir de ses propres mains l’Émir prisonnier à