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LETTRES SUR L’INDE

droits de douane au retour. Le bruit se répand qu’Israël descend des anciens rois d’Arménie et que la caravane n’est qu’une avant-garde d’invasion. Mir Véis, consulté par le Chah, fait observer que le chrétien géorgien, Gourguin Khan, a un cousin à la cour de Saint-Pétersbourg ; il n’y a plus de doute : l’Arménien vient lui tendre la main. Le Chah, désillé, comprend que, si Gourguin a envoyé à Ispahan le fidèle Véis, c’est pour écarter un surveillant trop gênant. Trop faible pourtant pour oser révoquer le traître, il renvoie Véis à Candahar, avec mission de surveiller Gourguin et au besoin de saisir le commandement.

Gourguin réinstalle Véis en frémissant dans sa charge de kalantar, mais n’attarde pas sa vengeance. Mir Véis avait une fille célèbre pour sa beauté. Gourguin lui écrit qu’il ait à lui envoyer sa fille. Véis réunit les chefs de tribus, il leur lit la lettre du Géorgien, et ils jurent de prendre les armes au premier appel. Véis répond honnêtement à Gourguin et lui envoie une de ses esclaves magnifiquement parée. Quelques jours après, une révolte du clan des Tarins éclate sur un mot d’ordre parti de Candahar. Véis invite le Géorgien à un grand banquet pour recevoir la soumission de deux chefs rebelles. Gourguin vient, boit, tombe ivre mort, est massacré avec sa suite.