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III. — LES AFGHANS DE L’ÉMIR ET L’ÉMIR

teur ; il achète, se justifie sans peine auprès du Chah, se confie à lui, donne son avis, avec la rude franchise de l’Afghan, sur toute chose et sur tout homme. Gourguin Khan est, sans doute, un fidèle sujet, quoique ancien rebelle ; cependant, il a trahi le Christ pour l’Islam, pourquoi ne trahirait-il pas l’Islam pour le Christ ? Quand il a jeté le trouble dans l’Othello d’Ispahan, il demande un congé pour aller faire le pélerinage de la Mecque et de Médine. Il en revient avec le prestige d’un saint et armé de deux fetvas secrets, rendus par les Cheikhs des deux cités saintes en réponse à deux questions qu’il leur avait posées :

1o Est-il permis à des Musulmans, violentés dans l’exercice de la religion, de prendre les armes ? — Oui.

2o Les chefs des tribus qui ont été forcés de prêter serment à un prince hérétique, sont-ils relevés de leur serment, si le prince ne tient pas lui-même ses engagements ? — Oui.

Quand Mir Véis revint à Ispahan, la cour était en émoi. Venait d’entrer en Perse une caravane dirigée par un Arménien, Israël Orii, au service de Pierre le Grand, qui lui avait donné le droit de commercer en Perse sans payer de