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LETTRES SUR L’INDE

II

La Perse était alors sous la dynastie des Séfévis ou du grand Sofi. Les Séfévis avaient décidément installé en Perse le chiisme ou religion d’Ali : les Afghans sont sunnites fanatiques. Le dernier Séfévi, Sultan Houssein, livré aux bigots, traita les Ghilzais en hérétiques et en rebelles. Leur chef reconnu, le kalantar ou notable de Candahar, Mir-Véis, envoya à Ispahan une protestation, à laquelle le Chah répondit en nommant gouverneur un homme à poigne, le prince Géorgien, Georges Bagration, dit Gourguin Khan, ancien vassal rebelle, qui s’était fait pardonner en embrassant l’Islam. Mais le Géorgien avait affaire à forte partie : Mir Véis était un politique profond, et il vaut la peine de suivre l’histoire de ce Bismarck des tribus afghanes.

Mir Véis jouait à la légalité : Georges, pour se débarrasser de lui, l’envoie comme suspect à la cour d’Ispahan. Véis, arrivé là, reconnaît bien vite que tout est à vendre qui trouverait ache-