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LETTRES SUR L’INDE

trop bien pensants. Le chapelain de Saint-John’s Church, voulant rendre hommage à la carrière de Lœwenthal, mais hanté mal à propos de formules trop bibliques, prit le registre et écrivit, avec un soupir, dans la simplicité de son cœur :

« 1864, April 27. — Isidore Lœwenthal, Missionary of the American Presbyterian Mission… Shot by his own chaukidar. Well done, thou good and Faithful servant. »

1864, le 27 avril. — Isidore Læwenthal, de la mission presbytérienne américaine, tué par son tchaukidar.

Honneur à toi, brave et fidèle serviteur !

Pour ma part, je n’avais pas d’inquiétudes de ce genre avec mon tchaukidar. C’était un petit vieux à figure de vieille, qui était bien l’Afghan le moins formidable qu’il fût possible d’imaginer, du pays des Ghilzais au pays des Rohillas, et des Statues de Bamian au Trône de Salomon. Il avait débuté dans la vie comme jardinier, ce qui cadrait mieux avec sa mine ; mais « son maître ayant été injuste, » il avait quitté les fleurs et était passé au métier des armes. Il portait à la ceinture un long coutelas et à la main le « long pistolet gorgé de balles » d’Ali Pacha Tébelini. J’ai gardé un bon souvenir du vieux