Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
II. — PÉCHAWER

à votre bengalow ; inversement, si ces messieurs entendent le hem de votre tchaukidar, ils comprendront : Prière de ne pas entrer, et s’abstiendront délicatement de toute visite intempestive. Ils gardent naturellement le droit de piller le bengalow voisin, et votre tchaukidar n’a rien à dire ; il pourra assister à l’opération, si la chose l’intéresse : le bengalow voisin n’est pas son affaire ; il est fonctionnaire privé, et assermenté pour celui-là seul qui le paye.

Ayez bien soin de prendre un tchaukidar fidèle, mais pas trop zélé. Il pourrait vous arriver ce qui advint au pauvre Lœvwenthal ; quand vous parlez tchaukidar à Péchawer, on vous répond aussitôt : Pauvre Lœwenthal ! Le Révérend Isidore Lœvwenthal était un membre de la mission presbytérienne américaine, d’une grande noblesse dans l’intelligence et le caractère, et qui était fort supérieur, par l’un et l’autre, à la moyenne des missionnaires de l’Inde. Mais une nuit qu’il rentrait dans son bengalow sans avoir allumé sa lanterne, son tchaukidar, qui l’aimait beaucoup, le prenant pour un voleur, fit feu et l’étendit raide mort.

C’est toujours une chose maussade que d’être tué par erreur, si bonne que soit l’intention ; mais il y a quelque chose de plus grave, c’est d’être là-dessus livré au ridicule par des amis