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II. — PÉCHAWER

un chaos où apparaissent confusément des figures fauves d’Afghans, de Tartares et de Russes.

II

Péchawer-cantonnement n’a que quarante ans ; il pourra disparaître, mais ne changera guère ; Péchawer-ville a deux mille ans. C’est une vieille personne qui a vu beaucoup de choses, mais qui, par malheur, a peu de mémoire.

Il y a vingt siècles, Péchawer prononçait son nom à la sanscrite, Pourouchapoura, la ville de l’Homme-Dieu, c’est-à-dire du Bouddha. C’est aujourd’hui une des forteresses de l’Islam, c’était alors une des places saintes du Bouddhisme. Parmi les rois tartares que l’on appelle les Indo-Scythes et qui, dans la dissolution de l’empire d’Alexandre, se taillèrent un empire des deux côtés de l’Indus, il y en avait un, nommé Kanichka, qui tenait en profond mépris la religion nouvelle. Mais un jour qu’il poursuivait un lièvre