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LETTRES SUR L’INDE

demande s’il l’accordera, et l’aimable docteur Fairland, l’âme et l’esprit du club. Les robes roses et les robes blanches colorent le jardin, avec des essaims de bébés sortis tout vivants de l’album de Kate Greenaway ; les équipages s’enfilent à la porte du club ; les saïs en turban rouge retiennent les poneys qui piaffent. Le cricket achevé ou le lawn tennis, vous danserez, si le cœur vous en dit, en jaquette et en veston, jusqu’aux approches de huit heures, l’heure solennelle où il faut revêtir l’habit de cérémonie, pour aller dîner dans l’attitude noble que commande le repas du soir.

Le club est sur le Mall, le « Rotten Row » de Péchawer. Une des avenues transversales s’appelle Saint-John-Wood ; vous cherchez involontairement autour de vous les voies familières de Maida-Vale ou de Regent’s-Park, et ne rencontrez que les cimes de Bouner où fermente la conspiration wahabite[1]. À la bibliothèque du club, vous trouverez le dernier roman de Marion Crawford, la dernière invention du journal nommé Truth et la dernière grimace de Punch. À cinq milles de là est une maison que l’on appelle « la dernière maison d’Asie », parce qu’au delà c’est la fin du monde, c’est la barbarie, l’inconnu,

  1. Voir la sixième lettre.