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LETTRES SUR L’INDE

a relié les deux point extrêmes de l’empire par une ligne de fer continue qui court le long du Gange et de l’Himalaya, et met Calcutta à trois jours de la frontière de l’Émir :

Il est une chose merveilleuse, dit la chanson afghane, qui va et court sur le sol ; elle n’a point de pieds ni de mains, et va en arrière aussi bien qu’en avant.

C’est une invention des Anglais, c’est un des signes précurseurs du jugement dernier. Quelque jour, aujourd’hui ou demain, elle s’en ira jusqu’à Khaiber. Elle n’a point de pieds ni de mains et va en avant ou en arrière aussi bien.

Péchawer, comme tous les grands centres dans l’Inde, se divise en deux villes distinctes : la ville indigène et, à deux milles de là, la ville anglaise, où sont établies l’armée et les administrations : la ville anglaise, étant surtout une ville militaire, s’apelle Péchawer-cantonnement, par opposition à Péchawer-ville. Dans Péchawer-ville il n’y a pas un seul Européen, sauf quelques missionnaires.

La ville anglaise prépare une agréable surprise au voyageur d’Europe, qui y débarque avec une certaine inquiétude, se croyant menacé de retrouver la bâtisse européenne et ses monotonies de façades. Pour qui aime l’air, la lumière et l’espace, la ville anglaise, bien qu’elle n’ait ni minarets, ni moucharabies, répond mieux que la