Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
I. — LE PONT D’ATTOCK

La cité est là : la grande mosquée d’Aureng-Zeb lève ses deux grands bras rouges sinistrement vers le ciel. Voici la Mosquée d’Or, d’où Nadir Chah lança le massacre sur Delhi et s’enfonça dans la prière en attendant la fin des cris ; et cout près de là, le commissariat de police, où Hodson, de Hodson Horse, jeta à la populace, du haut de la charrette, la chair morte des trois fils de Tamerlan, pour que chacun pût se convaincre que tout était bien fini et que l’empire mogol était mort à tout jamais.

Les débris du fort où étincelaient le Trône d’Or et le Trône du Paon sont transformés en casernes. Le Divan public, où le grand Mogol recevait les ambassades de Jacques Ier et de Louis XIV, est une cantine, et le mur où s’appuyait le trône porte le prix des consommations.

Ô Aureng-Zeb ! vous souvient-il des vers que, il y a deux siècles, au bord de la Joumna, vous traciez en lettres d’or sur le marbre du Divan Hass ?

Si le paradis est sur terre, c’est ici ! c’est ici ! c’est ici !