Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
10
LETTRES SUR L’INDE

III

La rose Jaipor allonge ses larges avenues joyeuses, bordées de palais et de temples et qui, de tous côtés, par des portes triomphales, montent vers la colline crénelée. C’est la jeune capitale de la plus vieille dynastie du monde, car les Maharajas de Jaipor remontent aux premiers jours et aux premiers dieux et savent les noms de leurs ancêtres jusqu’a Manou, fils de Vivasvat, petit-fils du soleil. Au siècle dernier, Jai-Singh, guerrier et astronome, ayant consulté les astres pour se faire une capitale propice, traça au cordeau la ville carrée, avec ses larges rues à angles droits, et teignit les murailles et les murs des teintes du soleil ancestral.

Mais, malgré ses temples, ses lacs et ses jardins ; malgré les ruines de son observatoire, œuvre d’amour du grand radja ; malgré les roses de sa muraille, qui, au soleil couchant, font de Jaipor et du ciel une seule cité divine, l’âme de Jaipor n’est point dans Jaipor ; elle est à cinq