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I. — LE PONT D’ATTOCK

bayadère. Par instant, les déchirures de la montagne révèlent toute la chaîne de l’Aravali, la chaîne classique chantée des poètes, et à ses pieds la plaine blanche de sable qui, aux reflets du soleil, vous prend ses grands airs d’océans et de plages. L’Aravali n’est point haute, l’Aravali n’est point chevelue ; mais elle a cette grâce qu’elle monte d’un seul jet de la plaine, de sorte que le regard peut l’embrasser d’un seul coup, la voit commencer et finir et, à la première rencontre, elle vous dit : « C’est moi, me voici. »

II

Voici le rocher d’Ajmir où s’arrêta la première vague de la conquête musulmane ; au sommet, veille le fort de Taragarh, sentinelle du pays des Radjapoutes. La route, dérobée sur les rebords de l’abîme, est si étroite, et a des tournants si abrupts, que le pied et les épaules de quatre kahars peuvent seuls vous porter en sécurité au faîte de la forteresse. Les bambous et les dattiers, qui montent à l’assaut des ravins,