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XXVIII
LETTRES SUR L’INDE

nisable n’appartient plus à l’Angleterre ; c’était la déchéance du monopole anglais. L’Allemagne vise à l’héritage commercial de l’Anglererre et, le cas échéant, à une partie de son héritage colonial. Que la Russie abandonne la France et comme de grand cœur elle la lâchera dans l’Asie, sur la réalité ou l’ombre indienne : double profit, d’isoler la France et de ruiner la seule rivale commerciale de l’Allemagne. L’Angleterre commence à s’apercevoir, comme demain l’Italie, que c’est en vain qu’elle a courtisé le maître et qu’en cherchant l’appui du fort, elle s’est appuyée sur un roseau empoisonné.

Revenons à l’Inde. À tous ces changements possibles qu’aura-t-elle à gagner ? Rien. Si elle passe sous le joug russe, elle aura tout d’abord à payer les frais de sa conquête et à indemniser ses conquérants de la peine qu’ils se sont donnée. À la longue, sans doute, les choses se rétabliront, les commissaires russes s’installeront dans les kacchéris des collecteurs, les Babous apprendront le russe au lieu de l’anglais : il n’y aura de changé que les maîtres, non le système.

Si les Russes se contentent de dissoudre la domination anglaise sans la remplacer, et si c’est l’anarchie qui hérite, elle ne durera pas. L’Inde comprendra