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XIV. — DE LAHORE À PARIS

races et toutes les religions juxtaposées vivent en paix et sans haine ; où Dieu parle sans anathème dans la mosquée, le temple hindou, la chapelle du feu, la synagogue et l’église ; où le maître laisse à peine sentir au sujet qu’il est le maître et où la mousson libérale de l’Europe plus proche souffle à l’un plus de douceur, à l’autre plus de fierté ; où la science désintéressée allume un phare, de lumière faible encore, mais qui un jour peut-être donnera à l’Inde la nouvelle Alexandrie qui lui manque encore ; Bombay l’hospitalière, où j’ai trouvé tant de mains tendues, tant d’amis de tout nom, anglais, parsis, musulmans et hindous !

Le steamer jette son cri d’adieu : le quai joyeux d’Apollo Bender disparaît déjà au lointain. Le soir s’abat à grandes ombres : Malabar Hill n’est plus qu’une ligne noire, plus noire dans la brune. Le vent gonfle la voile vers l’Europe.

Adieu l’Inde aux nuits d’argent !

FIN