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XIV. — DE LAHORE À PARIS

République. Il avait 18, 000 hommes instruits à la française : « Il y a quelques années, me dit Séid Ali, allant inspecter mon régiment dans le district d’Elgundel, je fus tout étonné d’entendre le commandement français Portez armes ! » Raymond périt en 1798, empoisonné par ses ennemis à la cour du Nizam : ce fut la fin de l’influence française à Hyderabad.

Le tombeau de M. Raymond s’élève à quelques milles d’Hyderabad, sur une colline qui domine une plaine syénitique, parsemée de ces roches cyclopéennes étranges. Sur un vaste soubassement, marqué de distance en distance de croix rouges, s’élève une pyramide blanche quadrangulaire, portant de chaque côté une tablette de pierre noire qui attend encore son inscripton. Au-dessus des tablettes, la pierre creusée reçoit un treillis de fer, qui forme les initiales I. R. En face s’élève un léger baradéri, pavillon ouvert, suspendu sur une frêle colonnade ; il est terminé par une chapelle ou dargah surmontée de la croix. Le dargah est creusé d’une niche qui reçoit une lampe ; des débris de lampes et de guirlandes sont jonchés à terre. C’est que Monsieur Raymond est encore adoré comme un saint. Tous les ans, au jour anniversaire de sa mort, les hommes des régiments qu’il avait formés vont en pélerinage à sa tombe, prier, porter des fleurs, allumer