Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/388

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
346
LETTRES SUR L’INDE

le gouverneur se rendait indépendant et fondait la dynastie qui règne à présent.

Hyderabad est un État féodal : le système mogol des grands djaguirs[1] est encore en vigueur. Trois ou quatre grands seigneurs se disputent le vizirat. Qui voudrait se faire une idée de ce qu’était la vie politique à l’agonie mogole ou à la cour du Nawab d’Oudh n’aurait qu’à passer à Hyderabad quelques semaines. Le moment est favorable pour l’intrigue : le nouveau Nizam a vingt ans à peine. Le résident anglais surveille et laisse faire, sachant que le jour où les choses deviendraient sérieuses, il n’a qu’un signe à faire à Sekanderabad.

Plusieurs milles avant d’arriver à Hyderabad, le railway traverse une plaine immense, semée de menhirs et de dolmens étranges, de toute forme et de tout aspect, pierres isolées, dressées, allongées, superposées en assises ; carrées, arrondies, creusées ; tables géantes, girouettes colossales en merveilleux équilibre. Il y a deux explications : à ce jeu de la nature. Les uns disent que c’est une formation naturelle, due aux actions atmosphériques ; toute la plaine est en syénite, sorte de granit métallique ; le métal est

  1. Djaguir, fief.