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LETTRES SUR L’INDE

deux pieds. C’est là qu’on a vu la dernière Sati[1].

La jeune femme ne voulait pas mourir ; quand le bûcher prit feu, elle se précipita au dehors avec des cris horribles : ses parents et les assistants la repoussèrent avec respect dans les flammes sur le corps de l’époux. Je demande au jeune Brahmane qui me conduit ce que signifient ces pieds peints sur la pierre : il me répond avec onction : « c’est la marque des pieds de la Sati que l’on conserve, car la femme qui se brûle avec son époux dévient Dévi[2] et sur la place où elle devient Dévi elle fait descendre toutes les bénédictions. »

XV

29 Décembre 1886. Hyderabad du Nizam. — Le Nizam est le premier feudataire de l’empire indien. Il est indépendant, sous la protection d’un

  1. Sati ou Suttee, littéralement « femme vertueuse ; » désigne la veuve qui se fait brûler sur le bûcher de son mari.
  2. Dévi, déesse.