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LETTRES SUR L’INDE

Anglais ont raison de se rappeler la Rébellion et les fautes qui l’ont amenée ; ils ont tort de la rappeler aux indigènes qui auraient oublié le jour même cette émeute militaire sans lendemain : les Anglais par leur insistance la transforment en mouvement national, ce qui ferait de 57 un précédent, au lieu de rester ce qu’il était, un accident. Le monument le plus sacré de Lucknaw, l’Imâmbâra, mausolée immense élevé à la gloire de l’Imâm, et où se célébrait jadis la fête funéraire des fils d’Ali, a été, à la suite de la rébellion, transformé en dépôt de canons : pendant près de trente ans a duré ce sacrilège. Le dernier Lieutenant-gouverneur de la province, Sir Alfred Lyall, qui n’est pas seulement un administrateur, mais aussi un historien et un philosophe, a rendu aux Musulmans l’usage de l’Imâmbâra. Cette mesure de stricte justice a fait plus pour pacifer les esprits que trente ans de dictature, et aux fêtes du Moharrem le gouverneur et sa famille sont invités et placés aux premiers rangs, comme pourraient l’être les meilleurs d’entre les Musulmans.