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XIV. — DE LAHORE À PARIS

XI

19 Novembre. Bouddha Gaya. — C’est la place la plus auguste du monde bouddhique : c’est là, non loin de la Nairanjana, au pied de l’arbre de Bodhi ou de science suprême, que Sakyamouni, ayant résisté aux assauts de Mâra, aux armes de ses démons et aux charmes de ses filles, s’affranchit des liens du monde et reçut l’illumination d’un Bouddha. Le temple de la Grande science, de la Mahâbodhi, s’élève sur la place sacrée ; le bouddhisme a disparu de l’Inde, mais l’on vient encore là, de Ceylan et de Birmanie, adorer le vestige du Bouddha.

En pays civilisés, le Vandalisme arrive à ses fins par trois voies : il laisse tomber en ruines, il détruit, il restaure. C’est la troisième voie qu’il a suivie à Bouddha Gaya. L’immense pyramide tronquée, flambant neuf, badigeonnée de jaune, grince et crie outrageusement au soleil, comme un décor d’opéra. Mâra n’avait qu’a évoquer de-