Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
LETTRES SUR L’INDE

X

6 Novembre. — Pris le train pour la France : Chandernagor. — Pauvre spécimen de la France coloniale ! Quinze malheureux fonctionnaires se demandent pourquoi ils sont là à veiller sur quelques milliers d’Indous, qui n’ont de commerce qu’avec l’Angleterre et apprennent l’anglais.

C’est grand fête aujourd’hui, la fête de Jagaddhatri. On vient de Calcutta, car la fête est plus belle ici. C’est la procession des idoles de la déesse guerrière Dourga. La déesse à quatre bras se tient debout sur le lion, qui repose lui-même sur l’éléphant. Elle va et vient le long du quai, portée à bras de coulis, dans une musique infernale de taq et de dol. Chaque quartier a son idole et sa parade ; il y a de grandes idoles et il y en a de petites ; une grande idole coûte 110 roupies de parure (220 francs) ; l’idole elle-même n’en coûte que 11 ; car elle est vide à l’intérieur et empaillée, comme le pourrait être une