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LETTRES SUR L’INDE

VIII

2 Novembre. Bénarès. — La sainte et immonde Bénarès ! Oh ! si vous voulez garder intacte dans votre cœur la poésie de l’Inde, n’allez pas à Bénarès !

Au temple d’Anna Pourna, une vache aveugle erre autour du sanctuaire ; un mendiant demi-nu, des larmes de pitié dans les yeux, vous apitoie sur le malheur de son dieu. Un troupeau circule dans le cloître, au milieu des adorations des fidèles, er laisse tomber, comme le grand lama, au milieu de la cour infecte,

Ses excréments divins façonnes en reliques.

Pour vous dérober à la bestialité des dieux et à la vermine de leurs prêtres, vous montez à l’observatoire de Jay Singh, le Radja astronome qui fonda Jeipour : vous traversez une série de cloîtres, frais et calmes, et vous trouvez soudain au-dessus du Gange, au centre de la courbe merveilleuse que la rivière décrit à Bénarès. Les