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XXV
PRÉFACE

concours actif, l’Angleterre n’a pas plus à en attendre. Elle n’a de l’Inde rien à craindre et rien à espérer.

Cela même est un désavantage. Son armée est de 66,000 Européens et de 132,000 indigènes ; une partie de certe armée sera immobilisée pour surveiller les populations, et une autre pour surveiller l’armée indigène et les armées indépendantes, dont les princes feudataires, Nizam, Sindia, Holkar, offrent déjà, dans leur loyalisme, le concours encombrant ou dangereux. L’armée indigène, excellente pour maintenir la paix, quand la paix n’est pas troublée, n’a point fait ses preuves contre l’Europe et les a mal faites contre les Africains et les Asiatiques. Le Loyal Purvya, le fameux régiment qui seul dans la grande rébellion était resté fidèle au drapeau anglais, s’est laissé égorger sans défense par les lanciers demi nus du Mahdi. La conquête de la haute Birmanie, aux portes de l’Inde, à quelques jours de la base d’opération, a occupé trente mille hommes et n’est pas achevée. L’armée de Madras avec laquelle Clive fit ses conquêtes est considérée comme hors de service et embarrasserait plus qu’elle n’aiderait. Les troupes du Nord-Ouest, Penjabis, Afghans, Sikhs et Gourkhas, valent il est vrai toutes les chairs à canons du monde[1] :

  1. Voir pages 221 et suite.