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XIV. — DE LAHORE À PARIS

Le chemin de Sikandéra à Agra,

Comme une voie antique, est bordé de tombeaux.

Une de ces tombes est en ruine, mais c’est une ruine cyclopéenne ; c’était une de ces tours, surmontées d’une voûte, telles qu’en élevaient les empereurs pathans : c’est la tombe d’une des femmes d’Akbar. La ruine n’est pas l’œuvre du temps, mais de l’homme. C’est le baron Bentinck, un des vice-rois les plus honnêtes et les plus intelligents que l’Inde ait jamais eus, qui la fit éclater avec la poudre, voulant utiliser les matériaux pour construire une caserne. La voûte croula, mais la masse tint bon et déjoua Bentinck ; et la tombe de l’impératrice d’Akbar est encore là, mutilée, mais debout, pour attester à tout venant que le philanthrope Bentinck fut un Vandale. Imaginez dans trois siècles d’ici les vainqueurs de Dorking faisant sauter le mausolée de l’impératrice-reine Victoria !