Page:Darmesteter - Lettres sur l’Inde, à la frontière afghane.djvu/362

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
320
LETTRES SUR L’INDE

J’avais une lettre pour le Seth[1] de Muttra, Lakchmandâs, célèbre par ses millions et son hospitalité aux étrangers. Il m’envoie un phaéton avec son goumachta[2] pour me guider dans le pèlerinage, avec quelques boîtes de ces merveilleux raisins de Caboul que chanta l’empereur Baber, et une demi-douzaine de Dieux en cuivre de Bénarès. Il a une maison immense le long de la Jamouna, meublée au goût européen ; un salon rectangulaire avec glaces colossales, candélabres, fauteuils, et une galerie de portraits indigènes le long du mur. De l’autre côté de la rue est un vaste temple de Vichnou, propriété du Seth qui l’a bâti ; c’est le temple de Vichnou Dvarkadech. Le dieu est à présent invisible, derrière le rideau, étant endormi.

Nous sommes en pleine Divali, la fête des lanternes. Le fort de la tamacha est à vingt-cinq milles de Muttra, à Govardhan, place célèbre dans les Enfances de Krichna : c’est là que l’enfant souleva une montagne et la tint suspendue au bout du doigt, pour abriter les bergers contre un orage envoyé par Indra. Sur la route de Govardhan, nous rencontrons à chaque pas des bandes de vingt à cinquante hommes, se dirigeant à pas

  1. Seth, richard, millionnaire.
  2. Goumachta, intendant.