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LETTRES SUR L’INDE

à l’indépendance et à la solidarité. Chaque élève a sa chambre à coucher et son bureau : il y a un salon pour six élèves. Le collège a même sa Debating Society : il y a séance aujourd’hui et l’ordre du jour porte : « Le bonheur est-il possible de ce côté-ci de la tombe ? » Les optimistes et les pessimistes se sont succédé et se balancent assez. Je n’oserais vous dire que ni les uns ni les autres soient bien profonds : une bonne moyenne de banalité européenne.

Le Collège est en train de se bâtir son Hall et sa mosquée. Par malheur pour la mosquée, l’argent manque. Les Mollah défendent aux fidèles de donner, à moins que la mosquée ne leur soit ouverte et qu’ils puissent venir y prêcher ; il faut dire qu’ils sont dans leur droit, car une mosquée est, par essence, ouverte à tout musulman : mais Dieu sait ce qu’ils viendraient y dire : les nétcheuris et leurs amis anglais seraient traités de la bonne façon. Séid Ahmed tient bon, et ferme la mosquée encore à naître : « Votre mosquée n’est pas une mosquée, » répondent les Musulmans, et l’argent ne vient pas : je crains qu’il ne faille se passer et d’argent et de mosquée. Ce sera un grand malheur, car le jour où le Séid aura rompu avec l’Islam, son œuvre sera compromise du coup et n’aura plus de raison d’être. On ne