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LETTRES SUR L’INDE

Et le vieil empereur prit sa guitare et chanta :

Dam dami mâ dam ni yâbam jânkî
Kab zafar hôtchaki chamchîr hindûstânkî

« Ô mon souffle, je n’en puis plus, je ne puis plus vivre !

« Car c’en est fait de la victoire, c’en est fait de l’épée de l’Indoustan. »

Et il rejeta sa guitare à terre.

— « Chante encore, lui dirent les Lords. Et il reprit la guitare et chanta :

« Dites au saint Jésus : Mets tes ânes à la longe.

« Car ils ont brouté jusqu’au dernier grain toute la moisson des fils d’Adam ! »

Les Lords se regardèrent les uns les autres et se retirèrent sans mot dire : car ils n’avaient pas compris.

Il reste un de ses neveux, Firôz Chah ; il est allé chercher une armée en Roum et chez les Russes ; il est revenu et voyage dans l’Inde déguisé en fakir. »

III

17 Octobre 1886. — Je me réveille en wagon hors de Pendjab. Le train s’arrête a Saharanpor, aux bords du Gange, qui s’appelle ici la