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XXIII
PRÉFACE

VI

En fait ni l’Indien ni l’Anglais ne songeront jamais sérieusement à divorcer, s’il n’intervient un tiers. L’Indien n’osera jamais introduire l’instance : les souvenirs de la grande rébellion ne doivent pas faire illusion : la grande rébellion n’a pas été un mouvement national : ce n’a été qu’une grande émeute militaire : c’est le dernier cri d’agonie des grandes compagnies de pillards du commencement du siècle, la dernière protestation, non contre l’étranger, mais contre l’ordre et la paix sociale : c’est la fin, non le commencement d’une période. Elle n’a pas eu de lendemain. L’Inde, laissée face à face avec l’Angleterre, sera anglaise jusqu’à la fin des temps. Elle n’en pourrait être séparée que par une force étrangère.

Le spectre russe commence à inquiéter Indiens et Anglais. Le Russe, c’est l’inconnu, par suite redouté