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LETTRES SUR L’INDE

Disciple, quand il voit de loin venir un hôte,

Maître, il lui dit : D’où viens-tu[1] ?

Disciple, il le tue de questions de pied en tête.

Maître, il n’a peur ni crainte du Seigneur.

Disciple, il ne laisse pas l’hôte se reposer sur le lit de la houdjra[2].

Maître, sa bouche est toujours ouverte comme un puits vide.

Disciple, il n’a pas de dents ; sa bouche est noire comme un four. Aussi, celui qui le coupera en morceaux…

Maître, ce sera un Ghazi[3] ; et c’est un coquin qu’il tuera.

Maître, qu’il disparaisse de mes yeux ! Il fait rougir toute sa famille !

Disciple, non, il n’y aura jamais de drôle éhonté tel qu’Afzal Khan.

Mahmoud dit : Je fais librement aller sur lui ma langue dans le bazar.

Le vœu haineux du poète a été entendu. Afzal Khan a été acquitté, mais un de ses fils envoyé à la potence. Le bourreau Firanghi mettra la main au cou du descendant de Khourchal Khan. Une insulte pire a été faite au sang du poète : le titre de Khan des Khataks a passé à

  1. On doit recevoir l’hôte qui arrive sans le questionner.
  2. Maison commune à l’usage des voyageurs, entretenue aux frais du chef.
  3. Un héros de la guerre sainte.