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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

fallait pour mériter l’estime des siens : il portait un grand nom, il avait les manuscrits de Khouchal Khan, il avait sur la main le sang de ses ennemis. Mais tous ces titres ne lui servaient de rien, et le fils de Khouchal Khan était méprisé entre tous, parce qu’il avait le vice méprisé entre tous ; c’était un choum, un ladre, et le poète Mahmoud, mal payé, avait chanté de lui une mauvaise chanson[1].

La satire de Mahmoud est sous forme de dialogue entre un maître poète et son élève, ou comme l’on dit là-bas, entre Oustad et Chagird : chez les Afghans, la poésie populaire est un véritable corps de métier, avec patrons et apprentis :

Disciple, à Jamalgarhi réside Afzal Khan.

Maître, dis-moi ce qui est de lui. Il fait de lui-même un éloge pompeux. Il fait l’éloge de lui-même et de ses fils à chaque instant.

Disciple, l’hôte ne trouve jamais d’égard auprès de lui.

Maître, que pour cela Dieu amène sur lui le malheur !

Oui, disciple, prononce toujours la malédiction sur un ladre !

Maître, il a mauvais cœur, mauvaise langue, mauvaises mœurs : il n’y a pas et il n’y aura jamais de ladre pareil.

  1. Voir page 103.