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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

les rouges mouhours d’or ont été engouffrés dans ces collines.

Et à une heure si pleine d’honneur et de gloire que celle-ci, que font-ils, ces traitres vils d’entre les Afghans ?

Les Afghans l’emporteraient sur les Mogols au jeu de l’épée, s’ils avaient seulement un peu de sens.

Si les diverses tribus se soutenaient les unes les autres, les rois auraient à se courber et se prosterner devant eux.

Seul, parmi les Afghans, je pleure pour notre honneur et notre renom, tandis que les Yousoufzais à leur aise cultivent leurs champs.

Dans mon pauvre jugement, la mort est préférable : à la vie, quand l’on ne peut plus Au de l’existence avec honneur.

Dans ce monde, nul ne restera toujours en vie : mais le souvenir de Khouchal vivra, vivra longtemps[1].

Mais la parole du poète était impuissante ; il avait beau prêcher l’entente et évoquer le souvenir des grands empereurs Pathans, de Behlol et de Chir Chah, on ne comprenait pas son langage.

Si les Afghans acquièrent le don de la concorde et de l’unité, le vieux Khouchal redeviendra jeune à nouveau.

Nous parlons la même langue, nous parlons tous

  1. Col. Raverty, Selections from the Poetry of the Afghans.