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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

III

Rentré dans ses montagnes, Khouchal Khan éclata. De concert avec les Afridis, il fit, pendant huit ans, une guerre exterminatrice aux Mogols. Toutes les tribus, de proche en proche, jusqu’à Jelalabad, prirent feu. Il rêvait un grand rêve, le Pan-Afghanisme, le rêve réalisé un siècle plus tard, un instant, par le génie d’Ahmed Chah, le Dourani. Il comprenait bien que si jamais toutes les furies de ces races indomptables se concentraient dans une main unique, l’Inde redevenait le champ de pillage des Afghans, comme elle l’avait été quatre siècles auparavant. Mais les haines et les égoïsmes intérieurs étaient trop forts : la patrie afghane n’existait que dans le cœur du poète. IL alla prêcher la cause nationale chez la puissante tribu des Yousoufzais ; il revint ulcéré et ses chants de triomphe tournèrent en chants d’invectives contre les traitres :

Viens, musicien ; mets l’archet au violon ; et toi,