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XIII. — LA FIN D’UNE RACE

vieille femme à Nauchéhra pour prendre des nouvelles de sa fille. La vieille femme revient en disant : « Pourquoi avez-vous marié votre fille à des mendiants ? Ils l’ont dépouillée de ses beaux vêtements et de ses bijoux, et la pauvre enfant est à pleurer nuit et jour. »

C’est l’usage que les nouvelles mariées, après la première semaine de mariage, aillent passer quelques jours chez leurs parents. Khouchal Khan, averti de ce qui se passe, envoie demander sa fille : le cheikh interdit à sa bru de partir et, à la place, il envoie son fils, le mari, porter son salam au Khan des Khataks. Le Khan reçoit le salam du cheikh et fait mettre le gendre en prison. À cette nouvelle, le cheikh maudit le Khan et dit : « Que pour chaque jour de captivité de mon fils Khouchal Khan soit captif une année ! »

Khouchal relâcha son gendre au bout de quelques jours. Mais sur ces entrefaites, ses ennemis le dénoncèrent à Aurengzeb comme rebelle et pillard de grand chemin. L’empereur le fit saisir par le gouverneur de Péchawer et envoyer à Delhi. Amené devant l’empereur, il offrit de payer pour sa liberté tel prix que le Padichah voudrait fixer : dix mille roupies, vingt mille roupies, son poids en or. Aurengzeb refusa tout. Sept ans plus tard, il se ravisa.